Etre comédien(ne), cela me renvoie, puisque nous y sommes, à ce fameux espace vide, qui sera ici un état d’énergie et de conscience particulier. Jouer demande d’abord une grande énergie, une énergie épurée et forte, que le comédien met au service de sa partition. Rôle important ou figuration, n’importe, cette demande de « donner » sera toujours là. Et comme le théâtre aime la fluidité, on cherchera inlassablement la qualité d’être neuf – neuf de ses habitudes, neuf de son énergie. Eh oui, au théâtre, c’est toujours la première fois !
Cette grande énergie sous-entend une conscience particulière. Le comédien marche sur la crête de ses diverses identités ; l’identité de cet autre qu’il est et qu’il découvre au fur et à mesure. L’identité privée s’efface, certes, mais l’acteur garde tout de même, la conscience de qui il est, de ses sensations physiques, de ses appréciations du moment quant à son état intérieur, la réceptivité du public, des imprévus possibles.
Cette énergie et cette conscience, nous allons les mettre au service d’un projet en phase avec nous, d’un projet où nous pouvons nous exprimer, exprimer notre humanité, nos doutes, nos avancées personnelles.
De ce mélange d’énergie, de conscience, d’engagement et de prise de risque naît ce plaisir (très particulier encore) dont au parle si souvent au théâtre. Mais là, à chacun, chacune de découvrir le sien…